(5 octobre 2025)
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Le climat change
Le changement climatique est aujourd’hui une réalité largement admise. Ses principales causes font l’objet d’un consensus scientifique : les activités humaines à travers les émissions de gaz à effet de serre. Pour s’en convaincre, il suffit de regarder les statistiques météorologiques. Par exemple, en France, les 10 années les plus chaudes depuis 1900 sont toutes postérieures à 2003, concentrées sur les deux dernières décennies. 1

Source : https://meteofrance.fr/actualite/publications/2024-les-bilans-climatiques
Le réchauffement en France : +2,7° en 2050, +4° en 2100
Le réchauffement climatique va donc se poursuivre, car même si nous réduisons nos émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial, elles ne vont pas s’arrêter de suite.
L’Accord de Paris avait fixé l’objectif de limiter le réchauffement mondial en 2100 nettement en dessous de 2 °C par rapport à l’ère pré-industrielle. Du fait de la longue durée de vie de certains gaz à effet de serre dans l’atmosphère et du rythme actuel de réduction des émissions, les évolutions du climat à horizon 2050 sont déjà globalement connues. Au-delà, elles seront déterminées par les futures émissions mondiales de gaz à effet de serre.
Dans ses derniers rapports, le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) indique que les politiques mondiales effectivement mises en œuvre aujourd’hui mènent plutôt à un réchauffement mondial médian de 3 °C en 2100.
Pour la France hexagonale, qui se réchauffe plus vite que la moyenne mondiale, le scénario prenant en compte les engagements existants implique une hausse des températures moyennes de 2 °C en 2030, 2,7 °C en 2050 et 4 °C en 2100 2. Ce scénario de réchauffement climatique, après une consultation publique, est devenue la Trajectoire de Référence pour l’Adaptation de la France au Changement Climatique (TRACC). Elle définit à quel niveau de réchauffement futur il nous faut nous adapter.

Sources: https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/documents/PNACC3.pdf, https://meteofrance.com/sites/meteofrance.com/files/files/editorial/rapport-trajectoire-rechauffement-adaptation-changement-climatique-partie-1.pdf
Quelles conséquences ?
Météo France a évalué les conséquences du réchauffement climatique tel que défini par la Trajectoire de Référence, soit +4° à horizon 2100.
Il se traduira par des augmentations des températures extrêmes, ainsi qu’une multiplication des canicules. Le régime des précipitations évoluera lui aussi, avec une alternance de phénomènes de pluies intenses et de plus longues périodes de sécheresse. La fréquence et la vulnérabilité aux feux de forêt augmentera également, et le risque concernera l’ensemble du territoire national. Enfin, l’enneigement se réduira nettement en moyenne montagne.

Source : https://meteofrance.com/changement-climatique/quel-climat-futur/le-climat-futur-en-france
Il faudra s’adapter !
De telles évolutions imposent et imposeront des changements dans nos modes de vie, les logements, les infrastructures, les moyens de production (agricole en particulier).
Pour information, la France a établi un plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC) qui en est à sa troisième version. Le présent article ne vise pas à détailler ce plan, mais vous pouvez le consulter ici.
Qu’en pensent nos concitoyens ?
Il nous a semblé intéressant d‘essayer de recueillir l’avis de nos concitoyens sur cette adaptation, son importance et sur les priorités à retenir.
Aussi, nous avons organisé un sondage à l’occasion du forum 2025 des associations de Forges-les-Bains. Pour cela, nous nous sommes inspirés d’un sondage réalisé à l’échelle européenne (France incluse) par la Banque européenne d’investissement (BEI) 3. Cela nous permettra de comparer nos résultats locaux avec les résultats à l’échelle de la France. Nous avons donc repris 7 questions du sondage de la BEI, et nous avons ajouté une question spécifique.
Source : https://www.eib.org/fr/surveys/climate-survey/7th-climate-survey/eu-27
26 personnes ont répondu à notre sondage. Voici les résultats.
Question 1 : Quelle est, selon vous, la meilleure façon de faire face au changement climatique ? (une seule réponse)

Il s’agissait ici de voir s’il fallait donner la priorité à la lutte contre le changement climatique (l’atténuation) ou à l’adaptation.
Localement, la majorité des répondants (71%) donnent la même priorité aux deux, ce qui indique un souhait d’agir de façon équilibrée sur les deux plans. Nationalement, les résultats sont plus partagés. Si donner la même priorité aux deux arrive en tête, une personne sur deux préfère donner une priorité claire, soit l’atténuation (29%), soit l’adaptation (22%).
Question 2: Pour la France, diriez-vous que s’adapter au changement climatique … ? (une seule réponse)

Sur cette question, on voit un alignement presque parfait entre les réponses au niveau local et au niveau national 4. La majorité des répondants pensent que l’adaptation est vraiment une priorité. Quant à ceux qui estiment que ce n’est pas important, ils sont très peu nombreux (3 % au niveau national).
Question 3 : Pensez-vous que vous devrez changer et adapter votre mode de vie… ? (une seule réponse)

On observe un certain alignement des réponses au niveau local et national, avec une proportion très importante de répondants qui pensent qu’ils devront « assez » changer leur mode de vie. Si on y ajoute ceux qui pensent qu’ils devront changer « beaucoup », il est clair pour une grande majorité de personnes que le changement climatique les impactera au quotidien.
Une petite différence toutefois entre les deux enquêtes : localement, une part un peu plus importante estime être « peu » concernée. Est-ce parce que les impacts du changement climatique sont moins sensibles dans notre région ?
Question 4 : Pensez-vous que vos enfants ou vos petits-enfants devront changer et adapter leur mode de vie… ? (une seule réponse)

Nous avons rajouté cette question dans notre sondage (il n’y a donc pas de résultat au niveau national). En effet, il nous a semblé intéressant de voir ce que les personnes anticipent non seulement pour elles, mais aussi pour leurs descendants.
Et là, sans conteste, la plus grande partie des répondants (67%) pensent que leurs descendants devront « beaucoup » changer leur mode de vie.
Question 5 : À quel point vous sentez-vous informé sur les actions que vous pouvez entreprendre pour adapter votre logement et votre mode de vie aux impacts du changement climatique ? (une seule réponse)

Une majorité de gens s’estiment très bien ou assez informés sur ce qu’ils peuvent faire pour s’adapter au changement climatique, aussi bien au niveau local (75%) qu’au niveau national (62%), ce qui est plutôt une bonne chose.
Toutefois, une proportion encore significative de personnes sentent peu ou pas informés (25 % au niveau local, 37 % au niveau national), ce qui indique que les efforts d’information sont à poursuivre.
Question 6 : Que faudrait-il prioriser pour s’adapter au changement climatique ? (trois choix au maximum5)

Les participants étaient invités à choisir trois réponses au maximum à cette question. Des différences apparaissent entre le niveau local et national.
Au niveau local, 4 priorités se détachent des autres :
- l’éducation du public à la prévention (26%),
- le rafraîchissement des villes (22%),
- la gestion de l’eau (18%),
- l’isolation des logements et des bâtiments publics (17%).
Planter des végétaux résistants au climat est très peu choisi (3%).
Au niveau national, les résultats sont plus équilibrés, avec 6 actions qui recueillent des scores comparables :
- planter des végétaux résistants au climat (17%, le meilleur score ce qui contraste avec le score local)
- rafraîchir les villes (16%)
- améliorer l’isolation (15%)
- améliorer la gestion de l’eau (14%)
- éduquer le public à la prévention (14%)
- améliorer les infrastructures (13%)
L’amélioration des systèmes d’alerte n’est pas vu comme une priorité, probablement parce que les systèmes en place sont estimés satisfaisants.
Comment expliquer la divergence de point de vue sur les végétaux ? Les impacts de sécheresse moins visibles localement que dans d’autres régions plus exposées (celles du Sud par exemple) ? La prise en compte dans les réponses au niveau national des conséquences du réchauffement sur l’agriculture ? Quoi qu’il en soit, cette différence est troublante.
Question 7 : Quels groupes de population devraient être prioritaires pour l’aide à l’adaptation ? (deux choix au maximum6)

Là encore, les résultats locaux sont très tranchés, la plus grande partie des répondants pensant que tout le monde devrait être aidé de la même façon (44%). Ensuite, deux catégories sont principalement citées , les habitants des zones à risque et les personnes à faibles revenus (25 % chacune).
Au niveau national, si la première réponse est aussi que tout le monde devrait être aidé de la même façon, mais à un niveau plus faible (30%), la catégorie citée de suite derrière est celle des personnes âgées (20%). Les autres catégories sont moins citées, avec dans l’ordre les habitants de zones à risque (15%), les personnes à faibles revenus (12%), les enfants (11%) et les personnes handicapées (9%).
Il est surprenant que la catégorie des personnes âgées soit beaucoup citée au niveau national, mais pas citée du tout localement. Comment l’interpréter ? Cela s’explique probablement par la volonté de cibler les catégories les plus exposées : personnes à faibles revenus ou habitants de zones à risque, catégories qui incluent aussi des personnes âgées.
Question 8 : Pensez-vous que nous devrions contribuer davantage à aider les pays en développement vulnérables à s’adapter ?

Localement, presque tous les répondants sont d’avis d’aider les pays en développement vulnérables à s’adapter (96%). Les résultats sont moins élevés au niveau national, même si une majorité est du même avis (56%).
La majorité des gens sont convaincus de la nécessité d’aider ces pays, par souci de solidarité. Par ailleurs, mieux ces pays seront préparés au changement, moins les problèmes qu’ils rencontreront nous affecteront.
Conclusion : s’adapter au changement climatique, une nécessité.
Ces sondages révèlent une conviction largement partagée : s’adapter au changement climatique est indispensable, une majorité pensant même que c’est l’une de nos plus importantes priorités. Et pour une raison très claire : nous-mêmes et surtout nos enfants et petits-enfants seront affectés.
Des résultats encourageants, qui devraient inciter nos décideurs publics à traiter ce sujet au bon niveau de priorité.
Notes
1 Les températures sur le graphique sont les moyennes totales sur toute l’année (incluant bien sûr toutes les heures du jour et de la nuit). ⤴
2 Le réchauffement moyen en France hexagonale et en Corse, attribué au changement climatique en 2024, est déjà +1,9 °C par rapport à la période préindustrielle. ⤴
3 Le sondage de la BEI a été réalisé du 6 au 23 août 2024, sur les 27 pays de l’Union Européenne et les États-Unis. En France, 1008 personnes ont été interrogées. Seuls les résultats sur la France sont présentés dans cet article. ⤴
4 La question du sondage du BEI était légèrement différente : « Parmi les actions que votre pays doit mettre en œuvre dans les années à venir, diriez-vous que s’adapter au changement climatique …. ». Les réponses proposées étaient «est une priorité », «est important mais pas une priorité », «n’est pas important ». ⤴
5 Sauf si la réponse choisie était « Rien du tout » – dans ce cas, seule cette réponse était enregistrée. ⤴
6 Sauf si la réponse choisie était « Tout le monde devrait être aidé de la même façon », ou « Aucun ». Dans ces cas, la réponse choisie était la seule enregistrée. ⤴